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Au moment où l’affaire JPK prend une nouvelle tournure avec la mise en examen de deux personnes suspectées  de meurtre, je souhaite recommander la lecture du récent livre de Benoît Collombat, édité par Nicolas Eybalin, dans la collection Au vif de l’histoire.
Le livre s’intitule : Un homme disparaît : l’affaire JPK.
15 décembre 1997.
Sur la couverture figure la photo de Jean Pascal Couraud, appareil photo en bandoulière, derrière les grilles de la Présidence flossienne, interdit de conférence de presse.
450 pages pour permettre au lecteur de cerner la teneur de ce qui est devenu « l’affaire JPK », et de se faire une idée de l’homme qu’il était.
Après la préface de l’historien Jean- Marc Régnault et l’introduction de l’auteur situant le contexte politique polynésien, (« Une chape de plomb nucléaire ») on entre dans le vif du sujet avec le premier chapitre, intitulé « Nuit noire », retraçant au plus près le déroulé de ces 15 et 16 décembre 1997,  où le mot « disparition » fut pour la première fois prononcé, avec son cortège d’angoisses, de doutes et de soupçons.
Ce pourrait être le début d’un roman policier….et on se calerait dans son fauteuil pour  apprécier pleinement un scenario de fiction. Mais non, tout est réel dans cette description fouillée du système Flosse et ses dérives, dont la dénonciation opiniâtre couta la vie à JPK.
L’auteur relate bien sûr les errements de l’institution judiciaire, alertée dès 1997,  qui font ensuite place à un véritable travail de fond du magistrat instructeur actuel, parti sur la piste des mobiles possibles de l’assassinat.
 

Au fil des pages, le lecteur  découvre des zones d’ombre, ce mélange délétère entre affaires et politique, aux plus hauts sommets de l’Etat chiraquien. Le puzzle se met en place, et la conviction grandit. Oui JPK constituait une réelle menace pour les  intérêts du pouvoir politique, tant en Polynésie qu’en Métropole. Non son assassinat n’est pas un fantasme.
Benoît Collombat accomplit un travail minutieux, en documentation, analyses, recoupements, hypothèses, éclairages historiques, témoignages divers ….
Composée à partir des archives des Nouvelles de Tahiti, est publiée au fil des chapitres toute une compilation d’articles signés JPK,  ce qui permet de découvrir ou redécouvrir, avec ses propres mots, l’engagement de ce jeune journaliste dépeint à juste titre comme idéaliste…… son courage, sa fronde, son humour, la constance de son combat pour la démocratie. Ses valeurs et ses convictions le conduisaient à traquer et dénoncer les abus d’un pouvoir dont il ne voulait pas être complice. La pertinence de ses analyses faisait parfois de lui un visionnaire de l’histoire politique polynésienne.  Le style est précis, incisif, sans complaisance, mais aussi impertinent et malicieux.
Un homme disparaît…… un fils, un père, un frère, un ami disparaît,  laisse un vide jamais comblé. Un livre est écrit, qui fait vivre sa mémoire. Des témoignages d’amis proches, de membres de la famille, de collaborateurs, ainsi que des extraits de correspondance privée construisent par petites touches un portrait de Jean Pascal dont la famille apprécie la justesse. Nous attendions ce livre, qui prend aussi valeur d’hommage.

Nous en remercions chaleureusement son auteur Benoît Collombat.


                  Sylvie Couraud

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